jeudi 30 avril 2015

Semaine 14 : Comment secourir un orphelinat au Népal… ou Science of Happiness en pratique !


Katmandou, 25 avril 2015
Cette semaine je voudrais vous faire partager mon expérience d’assistance au Népal, après le tremblement de terre de samedi dernier, qui a dévasté Katmandou et sa région.

Pourquoi cette parenthèse dans le chapitre sur la méditation ?

Parce que mon expérience de la semaine a été un condensé des émotions et comportements présentés depuis le début de Science of Happiness : empathie, compassion, sentiment d’impuissance, générosité, action, coopération…

Alors j’ai voulu vous en faire part, et témoigner qu’au-delà de la tragédie que nous ont présenté les journaux toute la semaine, une autre note, plus optimiste, porteuse d’espoir est possible.

C’est parti ?

Chronologie d’une semaine d’action

Samedi 25 avril :

Comme beaucoup d’entre nous, je reçois la nouvelle du tremblement de terre qui a frappé le Népal.

Curieusement, depuis le temps passé dans les bidonvilles d’Ouganda cet été, quand les journaux relaient ce type d’information, je ne vois plus uniquement des images télé : je ressens l’impasse, le stress de la situation pour ceux qui sont encore vie, sans toît, sans nourriture, privés de tout alors qu’ils ont besoin de tout.

Dimanche 26 avril :

Toute la journée, j’ai retourné cette question : que faire pour ceux qui ont besoin de notre aide ?

Le soir, une idée me vient enfin : j’écris à quelques professeurs de l’école internationale américaine où est scolarisée notre fille, pour leur proposer des pistes d’action.

Lundi 27 et mardi 28 avril :

Au sein de l’école, je ne suis pas la seule à avoir proposé d’agir. Les idées fusent, tous se mobilisent – professeurs, enfants, parents, administration – pour agir vite et efficacement.


Un orphelinat au Népal
 Depuis des années, l’école soutient un orphelinat établi sur 2 sites, à Dhading et à Katmandou. Dhading est à quelques kilomètres seulement de l’épicentre. 

Tous les enfants sont sains et saufs sur les 2 sites. Mais depuis le tremblement de terre, ils dorment dehors dans le froid et sous la pluie, sans tente. 

Les réserves de nourriture fondent, à Katmandou l’accès à l’eau potable est difficile, les maladies menacent.

La décision est prise de concentrer tous les moyens sur cet orphelinat et d’envoyer dès samedi 2 mai une équipe de 3 professeurs pour apporter de l’aide.

Reste à savoir quoi collecter et comment avant le départ ?

Mercredi 29 avril :

La solution se dessine. L’administration, l’association des parents, les professeurs et les élèves envoient une communication concertée : à l’école primaire sera organisée une vente de gâteaux ; au collège-lycée, ce sera un sponsoring de tentes, pour 125€ une famille de l’école finance l’achat d’une tente pour dormir.

Je vais faire quelques courses, puis au retour de l’école de notre fille, c’est atelier pâtisserie l’après-midi. Pendant ce temps, Benoît, mon mari, va retirer l’argent pour sponsoriser une tente… même la nounou d’Agathe participe en nous donnant 15€ pour l’achat d’une tente.

Jeudi 30 avril :

Benoît et moi arrivons à l’école un peu avant midi avec nos gâteaux et notre enveloppe.

Les tables sont déjà dressées, il y a bien 200 gâteaux au total, préparés par les parents, les profs, l’administration. Même le prestataire de la cantine s’y est mis et offre plusieurs gâteaux. 50 élèves et 20 parents et profs sont mobilisés pour la vente.

Et tous les parents ont répondu à l’appel : chaque enfant est venu avec des sous pour un don-achat de gâteaux. Les gâteaux sont vendus 0,5€ à 1€ pièce, mais beaucoup d’enfants ont des billets de 10€ ou 20€ à glisser dans la boîte de dons.


Waouh, que d’émotions !

Maintenant, voilà le lien avec Science of Happiness : ce que j’ai fait et ressenti pendant cette semaine !

D’abord, je me rends compte que j’ai passé peu de temps devant les infos. 

Du coup, j’ai peu ressenti le sentiment d’impuissance que suscitent habituellement chez moi ces images de catastrophe naturelle.

A la place, ça a été une semaine d’action, de coordination… avec en tête la photo des enfants de l’orphelinat, qui vont pouvoir redémarrer leur vie avec notre aide.

Ensuite, quelle émotion, quel bonheur de participer à un tel élan de générosité !

Les événements qui ont touché le Népal sont lointains géographiquement. Y répondre localement par une action collective forte, spontanée, engagée avec des personnes que je connais, et d’autres que j’ai appris à connaître, ça a été joyeux, festif et ça soude !

Waouh, quelle émotion en découvrant les 200 gâteaux sur et sous les tables ! Se dire « je fais partie d’une communauté, nous sommes liés par une même solidarité envers ceux qui ont besoin de notre aide aujourd’hui »

Cette semaine, j’ai véritablement vécu ce qu’enseigne Science of Happiness.

Lorsque je suis mon instinct de compassion, je rencontre celui des autres, et cela fait du bien.

En agissant avec générosité et gentillesse, je me suis sentie utile, et cela suscite un vrai sentiment de bonheur.

En participant à une grande action collective, j’ai le sentiment de contribuer à un but plus grand que mes préoccupations personnelles quotidiennes, et cela m’a fait le plus grand bien.

Et enfin, cela a nourri en moi la conviction que si chacun agit à son échelle, le Népal et le monde s’en porteront mieux. Personne n’est trop petit pour participer.


Epilogue provisoire

La vente de gâteaux a rapporté 11 000€… non, il n’y a pas de faute de frappe ! Quand je vous dis élan de générosité, oui il s’est vraiment passé un truc incroyable à l’école cette semaine !

Pour le sponsoring de tente, les montants ne sont pas encore communiqués, mais la montagne de billets que j’ai aperçue hier après-midi rend optimiste ;-)

Les enfants de l’orphelinat ont tous été regroupés à Dhading hier. C’est paradoxal, car tout près de l’épicentre, mais la raison est simple : dans la montagne, l’eau potable est accessible sans limite à la rivière. Les enfants vont être à l’abri de la pénurie d’eau, des maladies et aussi de la violence d’adultes mal intentionnés à Katmandou.

L’équipe de professeurs de l’école prend l’avion demain. Dans leurs bagages, des tentes, des médicaments et beaucoup d’argent. Ils vont s’arrêter à l’orphelinat à Katmandou, récupérer les objets qui peuvent l’être, avant de se mettre en route pour Dhading.

Merci à eux !

Envie de contribuer, vous aussi ?

Après l’aide d’urgence, l’orphelinat aura de nouveau besoin d’aide pour reconstruire dans les mois qui viennent. J’ai aussi d’autres idées en stock, n’hésitez pas à m’écrire si vous le souhaitez ;-)

jeudi 23 avril 2015

Semaine 13 : j’anticipe, je m’évade, je rumine… et si je me posais 5 minutes ?


Chers lecteurs, bravo !!! 

Embarqués dans l’aventure Science of Happiness débutée en janvier, vous voilà arrivés à mi-parcours ! 

Bravo et merci pour votre intérêt, vos commentaires et votre soutien dans ces chouettes semaines d’écriture ;-)

3 mois de découvertes sur les liens entre notre bonheur et nos relations aux autres. Avec des clés inattendues pour être heureux : gentillesse, empathie, compassion, coopération, réconciliation, pardon…

La 2ème partie va se tourner vers notre relation à nous-même… en reprenant les mêmes ingrédients ;-) Pourquoi se refuser ce qui fait du bien aux autres ?

Les prochaines semaines, nous allons donc parler attention au moment présent, compassion pour nous-même, optimisme, gratitude, admiration…

Prêts pour embarquer ?


Ca veut dire quoi être dans le moment présent ? J’y suis pas déjà ?


T’as vu la Ferrari Hello Kitty ?    
 Je vous emmène suivre les résultats d’un chercheur petit malin, Matt Killingsworth. 

Il a eu l’idée de créer une application iPhone, utilisée par des millions de personnes, pour comprendre ce qui se passe dans notre vie de tous les jours

Les résultats sont étonnants : en moyenne, pendant 47% du temps, mon esprit se balade. Je suis là physiquement, mais par la pensée je suis ailleurs.

Ne le dites pas à votre chef, mais pendant 50% du temps au bureau vous pensez à autre chose ;-) Et sous la douche ou en vous brossant les dents c’est 67% !

Ca paraît fou, non ?

Alors va pour un exemple. Vous buvez votre café tranquillement quand, soudain, des petites voix se mettent en marche
« Tiens, faut que j’appelle Martine pour lui proposer un déjeuner »
« M***, j’ai pas bouclé ce dossier que je dois présenter cet après-midi »

Oui, certes… et alors ?

Eh bien, quand mon esprit se balade, je suis moins heureux ! Nettement moins heureux que quand je suis vraiment là : entre -15% et -40% nous dit Matt Killingsworth.  

La principale raison, c’est un biais de notre cerveau : quand il s’évade, il tend à se concentrer sur ce qui va mal, avec une vraie grande capacité à tourner en rond. Et il loupe les bonnes surprises du moment présent !

Dans les embouteillages, vous pensez à votre client et au contrat que vous espérez signer prochainement… eh voilà, vous l’avez pas vu l’autocollant géant HelloKitty sur la Ferrari rose bonbon dans la file de gauche !


Moment présent… tu vas pas nous parler de méditation, quand même ?

Sciences et méditation, la rencontre improbable ?   
Les chercheurs de Science of Happiness sont bon camarades : après nous avoir montré l’étendue des dégâts, ils ont forgé une approche pour vivre plus présents et donc plus heureux.

La Mindfulness est une pratique d’origine bouddhiste, passée à la moulinette scientifique et rationnelle des chercheurs américains depuis les années 70s. 

Elle y a perdu son côté religieux et y a gagné une validation chiffrée de ses bienfaits sur notre bonheur ;-)

Pas de bol pour moi, il n’y a pas de consensus sur la traduction en français ;-(

Donc j’ai choisi de retenir MEDITATION, qui a le mérite d’être simple… même si ça va me valoir de désamorcer un paquet de clichés sur l’encens brûlé et les jambes en lotus que-même-pas-en-rêve-j’y-arriverai-jamais !

Tiens, au fait, quels sont vos clichés sur la méditation ? Drôles, cocasses, inquiétants ?

Voilà comment Jon Kabat-Zinn, un des très grands pionniers sur le sujet, décrit la méditation : c’est prêter attention au moment présent, sans jugement, de façon ouverte, bienveillante, curieuse.

Euh… et concrètement, ça veut dire quoi ?

J’aime beaucoup la définition de Shauna Shapiro, qui vient donner un côté pratique à celle de Jon Kabat-Zinn.
Elle nous dit que méditer, c’est une démarche en 3 points :  

1. Définir son intention : pourquoi est-ce que je médite ? quelle est mon aspiration ?

« Parce qu’on m’a dit qu’il fallait le faire pour être plus heureux » peut être une motivation…

… et certainement vous en découvrirez d’autres plus personnelles au fil du temps : cultiver les émotions positives de gratitude ou de compassion, reposer quelques instants votre esprit qui passe ses journées à agir, anticiper, planifier etc…

Mais à quoi pense-t-elle ?    
2. Ouvrir son attention au moment présent.

Notre cerveau traite entre 12 000 et 15 000 pensées par jour… et ça n’est pas près de changer ! Le pire c’est que la plupart sont les mêmes qui reviennent, et reviennent sans cesse… sans même que nous ne nous en rendions compte !

La méditation ne va pas faire disparaître nos pensées – ça serait du lavage de cerveau – mais elle nous ouvre à d’autres choses, qui sont là elles-aussi et que nous avons tendance à oublier : notre respiration, notre corps, les bruits autour de nous, nos émotions etc…

En nous intéressant à eux, nous devenons petit à petit capables de nous décoller un peu de nos pensées. Elles ne prennent plus tout l’espace. Et même nous commençons à pouvoir choisir de les suivre ou pas ;-)

3. Adopter une attitude bienveillante et curieuse

Il s’agit de se poser et de s’intéresser vraiment à ce qui se passe, même si c’est désagréable.

Exemple : Après 2 minutes de méditation, ça y est, les idées se bousculent dans votre tête « faut pas que j’oublie de dire à Martine de me ramener un sandwich ; mince, Marc est parti sans son goûter à l’école etc… »

Sentez-vous poindre une autre pensée ? La petite voix qui vous dit « ah bah voilà, t’es censé méditer, suivre ta respiration, et t’en es même pas capable 2 minutes. Sérieux, t’as vraiment un problème ! » 

L’attitude de la méditation c’est de mettre cette petite voix en sourdine et se dire « Tiens ! J’ai quitté ma respiration. Ok. Je suis partie planifier mon déjeuner. Ok. Maintenant, je reviens, je suis de nouveau ma respiration etc… »


Les bénéfices mesurés de la méditation

La méditation fait du bien à votre cerveau !    
Ca a l’air tellement simple, en plus c’est un truc gratuit… est-ce que ça peut vraiment changer quelque chose ?

Les effets bénéfiques de la méditation sont étonnants ! 

Et ont été mesurés partout :
  • chez des malades atteints de douleur chronique : 50% des malades déclarent une baisse de 50% de leur niveau de douleur après 10 semaines de méditation
  • chez des personnes en dépression : la méditation ajoutée aux thérapies classiques divise par 2 le risque de rechute
  • en entreprise : des performances intellectuelles et une créativité accrue, un travail en équipe de meilleure qualité
  • à l’école : les enfants sont plus attentifs et moins stressés

 Comment ça marche ?

Les scientifiques ont découvert que méditer modifie la structure et l’activité du cerveau. On voit à l’IRM se renforcer les zones de la mémoire, de la régulation des émotions, de l’empathie et de la compassion. La méditation muscle notre cortex pré-frontal – celui que nous utilisons pour réfléchir – et réduit l’activité de notre cerveau reptilien, celui qui nous fait agir par réflexe sous le coup de la colère ou de la peur.

En bref, méditer nous entraîne à choisir notre réponse aux événements. De là à choisir la réponse qui nous rend le plus heureux, il n’y a qu’un pas… que Science of Happiness nous encourage à franchir ;-)


Au programme, la semaine prochaine !

 La semaine prochaine, je vous propose une escale pratique : c’est quoi les techniques de méditation ? Est-ce qu’il faut en faire 8h par jour pour que ça marche ? Je peux faire ça tout seul chez moi ?

D’ici là, tous vos commentaires sont les bienvenus pour faire vivre et progresser ce blog ! Et si vous préférez, n’hésitez pas à m’écrire par email ou par Facebook/Messenger.

Qu’avez-vous pensé du lien entre moment présent et bonheur ? La définition de la méditation ressemble-t-elle à l’idée que vous en aviez ? Est-ce que cela vous rend curieux d’en savoir plus ? Ou vous donne envie de partir en courant ?

Ce blog et ses articles sont ouverts, n’hésitez pas à partager ce que vous y aimez !!


Pour aller plus loin

La méditation pour les Nuls : une introduction TED en 10 minutes « pourquoi méditer ? » balles de jonglage à l’appui par Andy Puddicombe… 5 millions de personnes l’ont déjà vue, pourquoi pas vous ?

« La méditation a des effets profonds, parce que paradoxalement elle ne sert à rien » Interview de Fabrice Midal parue dans la Tribune le 23 mars, longue mais lumineuse

L’excellent Méditer, jour après jour de Christophe André : limpide et poétique, un de mes livres préférés sur la méditation ;-)