jeudi 26 mars 2015

Semaine 10 : S’excuser sans s’écraser en 4 points gagnants !


Aujourd’hui, je vous propose une séance travaux pratiques pour retrouver le bonheur d’une relation au beau fixe après un conflit, petit ou grand...

... avec votre conjoint, vos enfants, un collègue de bureau, la boulangère… 

... bref, avec quelqu’un de votre vie que vous allez retrouver demain – peut-être même ce soir ! – et avec qui vous n’avez pas envie de couper les ponts.


M’excuser, est-ce que c’est vraiment nécessaire ?

Si vous vous sentez ne serait-ce qu’une petite part de responsabilité dans le conflit en cours, ça peut être une bonne idée de s’excuser.

Vous vous êtes un tout petit peu emporté ?
Les chercheurs de Science of Happiness sont formels : s’excuser est une des façons les plus efficaces de résoudre les conflits avec les autres, de retisser les liens et même de les rendre plus forts. 

Car c’est teinter vos relations aux autres d’honnêteté et de courage, qui forgent la confiance.


Mais auparavant, une MISE EN GARDE : dans cet article en particulier – comme dans tous les autres en général – nous évoquons uniquement des relations « normales » à l’autre, avec ses égratignures du quotidien.

On parle de votre voisin de bureau, avec qui d’habitude vous vous entendez bien. Mais avec qui vous vous êtes engueulé hier quand il a malencontreusement renversé son café sur votre clavier. Et à qui vous aimeriez dire comme vous vous sentez mal de vous être emporté.

Les astuces qui vont suivre ne sont pas du tout applicables aux relations pathologiques ou abusives. Le mari qui bat sa femme, qui s’en excuse, le pardon qui s’ensuit et la scène qui recommence le lendemain sortent clairement du domaine de compétence de Science of Happiness ;-(


M’excuser, mais et si ça marchait pas ?

Tes excuses, j'en veux pas, na !
 Il faut le dire, s’excuser est toujours éminemment désagréable, voire douloureux pour notre ego. 

Oser retourner voir l’autre et faire preuve d’humilité en lui disant « les yeux dans les yeux, j’ai eu tort » c’est tout sauf facile, c’est tout sauf agréable.

Et en plus s’excuser comporte un réel risque.
Le risque que vos excuses tombent dans l’oreille d’un sourd ! 

Et même que cela rajoute de la rancœur des deux côtés. Par exemple avec votre collègue que vous avez engueulé pour le café renversé :
  • du vôtre « j’ai eu le courage de m’excuser, et il ne m’a même pas écouté ce c… »
  • du sien « et en plus, il a eu le culot de revenir me voir, après ce qu’il m’a dit l’autre jour, il est vraiment gonflé »

Dans le scénario réconciliation, où votre collègue accepte vos excuses – et peut-être même vous présente les siennes ! – vous voyez assez bien le bénéfice d’avoir pris votre courage à deux mains. On passe l’éponge et on repart un peu plus solides qu’avant.

Mais dans le scénario « tombé dans l’oreille d’un sourd »… euh, y’a vraiment un bénéfice ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, oui il y a quand même un réel bénéfice pour vous. Et même en cherchant un peu, y’en a plein !
  1. D’abord, cela vous fait évacuer le négatif. Vous apaisez la culpabilité, la colère, le ressassement : « et s’il s’était passé ça » « et si j’avais réagi autrement » « et s’il n’avait pas dit ça »
  2. Ensuite, c’est une bonne occasion de reconnaître vos qualités « oui je me suis emporté, et après j’ai eu le courage et la force de reconnaître mes torts, de tenter de les réparer ; certes je ne suis pas parfait, mais je suis quelqu’un de bien ».
  3. Et enfin, ça vous aide à tourner la page : ce conflit n’est pas la fin de votre vie ! Vous vous rendez disponible à la suite.

Que l’autre ne vous ait pas pardonné tout de suite, après tout c’est sa part de liberté. Il changera peut-être d’avis demain. 

Et votre part de liberté à vous, c’est de lui pardonner sa réaction face à vos excuses, on en parlera au prochain chapitre ;-)


Comment m’excuser sans m’écraser ?

Tendre la main !
Maintenant que nous avons fait le tour des avantages et des risques de présenter des excuses, voici 4 astuces pour vous excuser efficacement. 

C’est-à-dire sans vous écraser, répondre aux besoins de la personne qui a été offensée pour augmenter vos chances de renouer la relation.

Vous pouvez bien sûr tenter le classique « je suis désolé », mais souvent c’est un peu court. 

Selon la variété de noms d’oiseaux que vous avez utilisés hier en voyant le café de votre voisin se déverser sur votre clavier, ça risque de ne pas suffire ;-)

Donc, pour augmenter vos chances de succès, il y a d’abord 3 points obligatoires :
  1. Reconnaître votre part de responsabilité : « je t’ai hurlé dessus hier, j’ai eu tort »
  2. Exprimer votre ressenti : « je regrette, je me sens mal à l’aise, j’ai honte de m’être emporté de la sorte »
  3. Rassurer votre collègue que ça a peu de chances de se reproduire : « je te promets de mieux me maîtriser à l’avenir ». Ca c’est peut-être la partie la plus difficile à tenir, surtout si vous êtes d’un tempérament colérique ;-)

Ensuite, il y a 1 ingrédient à choisir parmi les 3 suivants. 
Choisissez selon ce que vous avez dit ou fait ; ou selon ce qui peut le mieux répondre aux besoins de l’autre :

1. Offrir une réparation

  • Vous avez oublié de fêter votre anniversaire de mariage ? « Je t’invite à dîner samedi dans ce restaurant dont tu rêves depuis longtemps »

2. Exprimer de l’empathie
  • Revenons à votre collègue et au café renversé « tu as vraiment dû te sentir mal quand je t’ai traité d’idiot »

3. Reconnaître que vous avez enfreint une règle, une norme sociale
  • Vous avez fait manquer l’école à votre fille et – oups ! – vous avez oublié de prévenir son institutrice ? « Mme Martin, le samedi matin est un jour d’école, je vous présente mes excuses d’avoir embarqué notre fille en week-end à Marrakech dès le vendredi soir, sans vous avoir consultée au préalable »


Une variante que j’aime beaucoup est celle de Jane Nelsen, fondatrice de la Discipline Positive. Elle propose de pratiquer avec vos enfants les 3 R de la Réparation :
1. Reconnaître sa part de responsabilité : « Oups, j’ai fait une erreur »
2. Réconcilier : « Je suis désolé d’avoir… »
3. Résoudre : « j’ai besoin de ton aide ; j’aimerais qu’on trouve une solution ensemble »

Cette variante a l’avantage d’ouvrir le dialogue. La personne offensée peut exprimer ce qui l’aiderait à passer l’éponge, et ça vous donne plus de chances de succès qu’en y allant au pifomètre ;-)


Au programme, la semaine prochaine !

La semaine prochaine, je vous propose une bouffée d’oxygène après l’épineux sujet des excuses. 

Je vous guiderai pour imaginer la personne que vous rêvez d’être : pas l’idéal des magazines people, non juste votre idéal à vous. 

Et comment réaliser de 1ers pas vers cet idéal en vous inspirant de la très belle histoire d’un vétéran américain de la guerre du Golfe qui est allé très loin sur le chemin de ses rêves.

D’ici là, tous vos commentaires sont les bienvenus pour faire vivre et progresser ce blog ! Et si vous préférez, n’hésitez pas à m’écrire par mail ou par Facebook/Messenger.

Avez-vous tenté un mot d’excuse sauce Science of Happiness ? Bravo ! Avec quels résultats ? Comment vous êtes-vous sentis en présentant vos excuses ? Et après l’avoir fait ?

Ce blog et ses articles sont ouverts, n’hésitez pas à partager ce que vous y aimez !!


Pour aller plus loin

La démarche détaillée des 3R de la réparation et plein d’autres outils pour retrouver une ambiance joyeuse et respectueuse à la maison avec vos enfants :
La Discipline Positive de Jane Nelsen

Juste pour rire :
Mots d’excuse de Patrice Romain, quand les parents d’élèves écrivent aux enseignants pour justifier les écarts de leurs enfants

Juste pour la page de couverture, trop drôle :
Excuses à la con de François Jouffo et Frédéric Pouhier