Un vrai travail d'équipe ! |
Probablement avez-vous en tête un moment de votre vie où
vous avez été heureux de faire partie d’une équipe ? Avoir son rôle à
jouer, vibrer des progrès collectifs, parfois jusqu’à l’exploit : un
tournoi de foot remporté, un contrat client décroché, un enfant de nouveau en
bonne santé…
Pour les chercheurs de Science of Happiness, coopérer est
en effet une attitude clé pour cultiver notre bonheur… et assurer
collectivement l’expansion de notre espèce.
Va donc pour la coopération. Mais que viennent faire la
réconciliation et le pardon là-dedans ?
Je
me dispute, tu te fâches, il est pas d’accord…
Pas facile de s'entendre ! |
Alors voilà, commençons par un VRAI / FAUX :
- des frères et sœurs de 4 ans et 2 ans se disputent en moyenne 6 fois par heure
- les parents entrent en conflit avec leurs chères têtes blondes 6 fois par heure
- un couple dans une période difficile s’engueule 1h30 par jour
« FAUX bien sûr, c’est tellement ridicule tes
chiffres ! Quoique… ma princesse de 3 ans hier a fait un drame à table
parce qu’elle voulait absolument son verre rose qui était au sale, elle a
refusé de manger ses légumes, a renversé son yaourt par terre, a refusé de se
laver les mains, le tout en 20 minutes… D’accord ça arrive les conflits, mais
pas 6 fois par heure quand même ? »
Petite voix, tu t’approches de la réalité : tous ces
chiffres sont VRAIS ! Le conflit fait partie intégrante de la nature
humaine, hélas, y’a pas de débat là-dessus. Animal social oui, mais pas
toujours facile de concilier son intérêt personnel avec celui des autres, et
quand on n’y arrive pas, c’est le clash !
Je
viens de m’engueuler avec mon conjoint, ça c’est fait… la bonne nouvelle c’est
que je peux choisir la suite ;-)
Il se trouve que biologiquement, nous sommes tous équipés
de 2 circuits pour traiter les conflits. Et la bonne nouvelle, c’est que nous
pouvons choisir celui que nous voulons muscler :
- le circuit 1 : garder le conflit ouvert, se venger, ruminer, éviter l’adversaire
- ou le circuit 2 : résoudre le conflit, s’excuser, pardonner, coopérer de nouveau
Face aux inévitables conflits, nous pouvons choisir de devenir
le stratège de Koh Lanta – qui mène sa barque et envenime la situation – ou le
chef scout, qui joue la réconciliation et la coopération entre équipiers.
Petite revue donc, des avantages et limites de chaque stratégie ;-)
La
vengeance et la punition du stratège Koh Lanta, une bonne réputation pour des
résultats médiocres
Stratège hors pair... mais éliminé ! |
Du conte de Monte-Cristo à l’affaire Clearstream, les
histoires de vengeance ont bercé notre enfance et continuent à accompagner
notre quotidien.
Il faut dire qu’elles ont de l’allure ! Des rebondissements, du suspense, de l’action, des coups bas… de quoi tenir le spectateur en haleine !
Mais les protagonistes de l’histoire, comment la vivent-ils ?
Il faut dire qu’elles ont de l’allure ! Des rebondissements, du suspense, de l’action, des coups bas… de quoi tenir le spectateur en haleine !
Mais les protagonistes de l’histoire, comment la vivent-ils ?
Le désir de revanche a, il faut le reconnaître, de bien
bonnes raisons d’exister :
- dissuader de potentiels agresseurs. Si vous vous laissez marcher sur les pieds par Robert à la machine à café sans rien dire ; et que Monique témoin de la scène raconte que vous êtes une carpette, demain c’est peut-être Maurice qui vous écrasera les phalanges
- dissuader un agresseur de vous faire du mal de nouveau. Faire comprendre à Robert que s’il y revient demain, c’est lui qui finira à l’infirmerie
- punir les électrons libres qui profitent des efforts collectifs sans y contribuer. Robert qui papotait tranquilou pendant que tout le monde s’affairait au dîner des Amis du Patrimoine est viré de la table des bénévoles, na !
De là à en faire LA tactique parfaite pour naviguer au quotidien
loin des écueils, il n’y a qu’un pas. Alors prenons les machiavels et les pros
la vengeance. Comment ça se passe pour eux ? Eh bien moyen : socialement,
ils réussissent médiocrement, ils sont isolés, très stressés, et peu heureux.
Et ce n’est pas un cliché, ce sont eux qui le déclarent !
Notre très grande limite, c’est que nous ne sommes pas
une espèce solitaire. Pendant que nous jubilons de notre vengeance, notre
cerveau change : c’est notre cerveau reptilien qui prend les commandes et
active, même si nous n’en avons pas conscience, des hormones de stress, des sensations
de déplaisir, et même de douleur.
La
coopération et la réconciliation du chef scout, des outsiders du match qui
gagnent à être connues !
Et si on coopérait malgré tout ? |
Tournons-nous maintenant vers la coopération. Vous voyez,
le bon chef scout qui fait régner l’esprit collectif, trouve des solutions
sages et astucieuses aux conflits ?
Et si ça pouvait marcher dans la vie réelle ?
Suivez le guide pour une expérience extraordinaire des
années 80 !
Un tournoi est organisé pour reproduire une jungle des
temps modernes : 2 joueurs A et B se voient proposer de coopérer ou de se
trahir (dilemme du prisonnier). On joue en plusieurs manches :
- si A et B coopèrent : ça fait +3 points pour A et +3 pour B
- si A trahit et B coopère : +5 pour A, +0 pour B
- si A et B trahissent : +1 chacun
Donc le tournoi se joue. Et à la stupeur générale, c’est la stratégie de coopération donnant-donnant d’un certain Anatol Rapoport qui l’emporte.
Comment ça, coopérer dans un jeu aussi tordu ?
On se dit que ce n’est pas possible, une 2ème
manche est organisée. La stratégie de Rapoport est dévoilée ; ses
adversaires ont plusieurs semaines pour élaborer de nouvelles stratégies. On
rejoue : Rapoport gagne de nouveau et de très loin !
Vous voulez savoir comment ça marche ?
A la 1ère rencontre, Rapoport coopère
systématiquement. Ensuite, il se calque sur son partenaire : coopération –>
coopération, trahison –> trahison. Et il PARDONNE systématiquement : tu
as trahi, puis tu coopères de nouveau ? Ok je coopère.
Cette stratégie construit la confiance et la coopération,
malgré les conflits d’intérêts : les joueurs qui font les meilleurs scores
après Rapoport sont ceux qui ont coopéré avec lui ;-)
Et elle a un autre avantage : le cerveau produit 9
fois plus d’hormones de plaisir que dans la stratégie trahison-trahison ;-)
Au
programme, la semaine prochaine !
Maintenant que vous avez une idée des avantages de la
coopération, je vous propose la semaine prochaine de passer aux travaux
pratiques avec des stratégies pour résoudre les conflits : s’excuser sans
s’écraser et pardonner sans tendre la joue gauche ;-)
D’ici là, tous vos
commentaires sont les bienvenus pour faire vivre et progresser ce blog !
Et si vous préférez, n’hésitez pas à m’écrire par mail ou par Facebook/Messenger.
Que pensez-vous de la
définition de la coopération et des conflits proposée cette semaine ?
Fait-elle écho à la vôtre ? Adhérez-vous aux avantages de la coopération
sur l’envie de revanche ?
Ce blog et ses articles
sont ouverts, n’hésitez pas à partager ce que vous y aimez !!
Pour
aller plus loin
Une vidéo TED pour faire le plein d’inspiration en 11
minutes, avec une explication limpide de la force de la coopération : Simon
Sinek « Why good leaders make you feel safe ».
En lançant la vidéo, vous avez accès aux sous-titres en
français en cliquant sur Subtitles / French ;-)
Un titre qui résume tout : « Comment
réussir dans un monde d’égoïstes, Théorie du comportement coopératif »
par Robert Axelrod, chercheur et organisateur du fameux « dilemme du
prisonnier » qui a vu le succès de Rapoport et de la coopération.
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