Je
suis heureux, tu es heureux… parlons-nous tous de la même chose ?
Le bonheur pour tous ? |
Alors tiens, avant d’aller plus loin : c’est quoi
pour vous être heureux ?
Ca y est, vous avez votre définition ?
Voyons maintenant celle des chercheurs !
Pour eux, être heureux c’est une manière d’être durable,
qui se caractérise à la fois par un sentiment intérieur de bien-être et par le
sentiment de mener une vie bonne, utile, qui a du sens.
Arrêtons-nous un instant sur le défi relevé : vous
imaginez, trouver une définition du bonheur qui convienne à 6 milliards de
personnes ?
Bon, très bien, mais alors notre idéal occidental dans
tout cela ? Oui, vous savez, celui d’être jeune, beau, riche ? Celui
de réussir tout en même temps dans sa vie professionnelle, dans sa vie
personnelle, dans sa vie familiale et sociale ?
La mauvaise nouvelle, c’est qu’il y a un hic dans cet
idéal, qui l’a disqualifié pour devenir une définition universelle du bonheur.
Vous voyez le papa qui apprend à nager à sa fille ?
Il se met 3 mètres devant elle « allez viens ! » et quand elle a
avancé d’1 mètre, il recule d’1 mètre… après quelque temps, la petite a appris
à nager, mais elle n’a jamais rattrapé son papa ;-)
Le bonheur, Aristote et Platon |
Avec notre idéal du bonheur, c’est tout pareil :
« Si j’arrivais à perdre 3 kg, je me sentirais bien, je serais heureuse…
… avec mes 3kg en moins, cette petite robe m’irait tellement bien, si seulement je pouvais l’acheter…
… c’est dommage de froisser cette jolie robe, si seulement j’avais une voiture plutôt que d’être tassée dans le métro…
… »
Dans un brillant article, “Happiness, the Hard Way”, Darrin M. McMahon retrace comment les chercheurs ont abouti à une définition du bonheur qui marche sur deux pieds, pour qu’elle ne soit plus une quête sans fin, mais un vécu durable :
- Le 1er, on est d’accord, c’est « se sentir bien ».
- c’est l’immense apport des Lumières qui nous ont dit que notre vie sur terre ne devait pas être que souffrance, que chacun de nous a le droit au bonheur, au plaisir, à la joie de vivre.
- Le 2ème c’est « mener une vie bonne, qui a du sens »
- là, c’est l’apport des sagesses millénaires, qu’il s’agisse des philosophes grecs (Aristote, Sénèque, Epicure) ou des traditions orientales (bouddhisme, taoïsme…). Leur point commun est de définir le bonheur comme un ensemble de qualités, de vertus à cultiver en soi.
« Se sentir bien », c’est notre culture, nous
avons baigné dedans depuis tout petits, la suite du cours en parlera peu.
« Mener une vie bonne, qui a du sens » va en revanche
constituer le cœur des réflexions, avec pour objectif de passer au double tamis
de la science et de la vie moderne ce qu’affirmaient nos anciens… pour le
confirmer ou l’infirmer, à vos paris !
Etre heureux, est-ce que ça en vaut la peine ?
Heureux comme un nénuphar ! |
« SE SENTIR
BIEN, ça va, JE VEUX bien ! MENER UNE VIE BONNE… ouh là, je sens
qu’on va me demander de faire des EFFORTS,
peut-être même de CHANGER mes
habitudes, je ferais peut-être bien de m’arrêter là avant de m’embarquer dans
une galère ;-) »
Petite voix, tu n’as pas tort ! Pour te donner tout de même envie
d’aller plus loin, voici quelques encouragements !
Barbara Frederickson dit très joliment que le bonheur a
le même effet sur nous que le soleil sur les pétales d’un nénuphar : il
nous épanouit, nous ouvre à nous-même et aux autres.
Et que se passe-t-il statistiquement pour ceux qui ont
ouvert leurs pétales ?
- ils sont en meilleure santé et vivent plus longtemps
- ils résistent mieux au stress, trouvent l’énergie de se relever après un échec, un deuil
- ils établissent des relations plus satisfaisantes et durables avec leur conjoint, leurs enfants, leurs amis
- au travail, ils sont de meilleurs leaders et négociateurs, plus créatifs, plus productifs
- à l’école, ils ont de meilleurs résultats
Accroître notre bonheur au niveau collectif, c’est aussi la
promesse d’une société qui fait une place à chacun, en réduisant l’exclusion,
la solitude, les inégalités.
Dans cette liste à la Prévert, avez-vous trouvé un levier
de motivation qui vous parle ? Moi oui ;-)
Et
moi, je peux vraiment choisir d’être heureux ?
La loterie du bonheur ? |
« Ok d’accord, je veux bien être motivé. Mais est-ce
que je choisis vraiment d’être heureux ? Ou alors peut-être si je gagne au
loto ? Mais c’est pas moi qui tire les numéros ! »
Bien vu, petite voix, vouloir être heureux ici et
maintenant demande une bonne dose d’humilité et d’acceptation, car hélas nous
ne maîtrisons pas tout. Même dans ce qui se passe à l’intérieur de nous.
Voilà ce que les travaux de Sonja Lyubomirsky ont mis en
évidence :
- 50% de notre niveau de bonheur est déterminé génétiquement. Là-dessus, y’a pas grand-chose à faire, mieux vaut mettre son énergie ailleurs ;-)
- 10% dépend des circonstances de vie : croyez-le ou non, gagner demain au loto vous rendra heureux… pour 1 an !
- Non, vous n’êtes pas un grincheux insatisfait, ça s’appelle l’adaptation hédonique : après l’effet bonne surprise, notre cerveau est câblé pour prendre ce gain comme acquis et se focalise de nouveau sur ce qui lui manque
- 40% dépend de nos choix de vie : certes ça ne fait pas 100%, mais à bien y réfléchir, ça fait tout de même une belle marge de manœuvre, non ?
La semaine prochaine, je vous propose une illustration du
thème d’aujourd’hui, avec un sujet de tout temps consensuel « L’argent fait-il
le bonheur ? ». Avec ça, vous aurez de quoi animer les déjeuners
d’équipe et les réunions de famille !
D’ici là, tous vos
commentaires sont les bienvenus pour faire vivre et progresser ce blog !
Que pensez-vous de la
définition du bonheur proposée cette semaine ? Fait-elle écho à la
vôtre ? Etes-vous plutôt d’accord ? Pas du tout d’accord ?
Ce blog et ses articles
sont ouverts, n’hésitez pas à partager ce que vous y aimez !!
Pour aller plus loin
Un quizz : Mesurez
votre bonheur !
Proposé pour Psychologies Magazine par
Christophe André, Serge Hefez et Jean-Pierre Rolland, ce test est une
traduction de l’échelle de référence créée par les chercheurs américains Ed Diener et
Robert A. Emmons.
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